Le livre du mois- juillet 2023

Le Rêve de Ryûsuke

Durian Sukegawa

Quel âge avait-il à l’époque? Quand sa mère lui avait montré une photo de l’île où s’était installé, seul, ce Sôichi Hashida dont elle lui parlait tant. Elle lui avait expliqué qu’il allait consacré sa vie à confectionner du fromage sur cette terre perdue au milieu de l’océan.

Même aux oreilles de l’enfant qu’était Ryôsuke, la voix de sa mère avait pris une intonation particulière.

Ce à quoi avait échoué son époux, cet ami intime s’y réessayait, loin d’ici. Lorsqu’elle l’avait expliqué à son fils, c’était la femme en elle qui parlait.

Sôichi, il garde toujours espoir.*

Un récit tout en délicatesse abordant des sujets forts comme le mal-être, la difficulté de trouver sa place dans une société où la quête du succès l’emporte sur tout le reste et les sacrifices qui jonchent le chemin menant à la réalisation de nos rêves. La description des paysages insulaires changeants et les caractères attachants des protagonistes font de ce livre un incontournable de mes lectures d’été.

Au plaisir de lire tes commentaires!

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*SUKEGAWA Durian, Le Rêve de Ryôsuke, éd. Le livre de poche, 2018, p.95.

Le livre du mois – février 2023

Hanafuda, le jeu des fleurs

Véronique BRINDEAU

Il existe au Japon un jeu de cartes très populaire, né au XVIe siècle, appelé hanafuda. Un jeu où il n’y a ni roi ni reine, mais des iris, des cerisiers et des saules ; et aussi des poèmes et des légendes, comme un herbier merveilleux de fleurs et de plantes révélant tout un réseau de paysages et de références littéraires.*

Février est un paysage en blanc et noir, comme une onde de neige dans les traits calligraphiés des branches de prunier. […] Les poètes l’associent à la neige, à l’aube naissante, au teint poudré d’une jeune fille […]. Fleur des calligraphes et des poètes, tous épris d’encre de Chine et de neige, le prunier sait aussi annoncer, comme le rossignol uguisu, auquel il est associé dans de nombreux poèmes, les couleurs vives du printemps proche.**

Un voyage à travers les fleurs et leur signification au Japon, de-ci de-là ponctué de poèmes.

Si le jeu en lui-même semble difficile d’accès car nous manquons de références, tu apprécieras sûrement les images délicates et surtout les explications détaillées des différents thèmes pour qu’un jour, pourquoi pas, le hanafuda fasse partie de tes jeux lors de dimanches pluvieux !

Dans un autre registre, cet ouvrage peut aussi venir alimenter ton herbier imaginaire et symbolique qui viendra enrichir tes haiku…

Au plaisir de lire tes commentaires!

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*BRINDEAU Véronique, “Hanafuda, le jeu des fleurs”, quatrième de couverture, extrait, éditions Philippe Picquier, 2014.

**Ibid, p.25-29.

La roue des kigo de printemps

Bon, ok , c’est pas une roue, mais l’essentiel est là!

Tu es en panne d’inspiration?

Tu n’arrives pas à choisir un kigo ?

Tu veux un peu de fun dans ta vie ?

Bam, voilà une petite joie à ajouter à ta liste aujourd’hui!

Mode d’emploi

Fais une capture d’écran (ou une photo avec ton téléphone si tu ne sais pas ce qu’est une capture d’écran…) de ma petite animation ci-dessous pour découvrir le kigo à utiliser aujourd’hui !

(C) Le Japon avec Andrea, tous droits réservés.

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L’idée te plait?

Découvre ma boite à outils spécial écriture de haiku!

Le principe?

Des jeux, des défis, des explications et des exercices concrets pour réellement comprendre et intégrer les notions recherchées dans tout bon haiku qui se respecte (dixit Bashô) :

  • les mots de césures
  • la recherche de la simplicité
  • la maîtrise de la suggestion (au détriment de la description)
  • la légèreté
  • l’humour
  • la confrontation de l’immuable et de l’éphémère
  • etc.

Une fois que tu t’es procuré la boite à outils, tu y auras accès indéfiniment ainsi qu’à toutes les mises à jours (et nouveautés).

Toutes les infos à venir fin de semaine prochaine, après ma semaine d’écriture d’après des œuvres d’art “Trouve l’inspiration… au fond de la toile!” du 27 février au 05 mars 2023 (gratuit, avec options bonus).

Le livre du mois – décembre 2022

Première neige sur le mont Fuji

KAWABATA Yasunari

S’il avait passé ainsi une première nuit avec une inconnue, la matinée aurait été désagréable. Il n’aurait pu ressentir cette affection qui le liait à Utako.

Pourtant, il ne pouvait lui en parler.

-Quand on s’est séparé, il y a longtemps, j’ai désespéré en pensant que la rupture était définitive, mais il est resté entre nous quelques chose d’important. D’important, et qu’il nous faut conserver précieusement.

– Tu parles comme une énigme.

-A résoudre?… ou pas?…, fit Utako en hochant la tête, comme s’interrogeant elle-même,

-Un couple autrefois séparé qui se retrouve: c’est une grande chance que cela ne se termine pas en déferlement de haine, tu ne crois pas?

-Tu as raison.

C’est par un bus qui partait peu après quatorze heures qu’ils descendirent vers Odawara. Et c’est depuis la fenêtre du train qui les reconduisait à Tokyo, en sens inverse de la veille, qu’ils contemplèrent la Fuji sous sa première neige.*

Une douces série de nouvelles mettant à l’honneur les relations humaines et l’introspection sur sa propre vie. En couple, en famille ou encore au seuil de la mort, chaque personnage revisite des tranches de passé parfois douloureux, mettant en avant l’ambivalence de la Vie : rien n’est tout blanc ou tout noir.

Nos choix se répercutent à travers le temps pour donner saveurs et couleurs à chaque épisode qui vient former l’ensemble d’une vie. A nous de définir la couleur de notre avenir!

Au plaisir de lire tes commentaires!

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* KAWABATA Yasunari, “Première neige sur le mont Fuji,”, éd. Albin Michel, collection Le livre de Poche, Paris, 1994, p.42.

Haiku : ma sélection de livres

Voici une petite vidéo décontractée en cette fin d’année pour te partager mes go to dès qu’il s’agit de livres autour du haiku.

Si tu me suis depuis un moment, certains ouvrages ne te surprendront pas… pour les autres c’est cadeau!

Je précise que dans le domaine des livres sur le thème du haiku il y en a pour tous les goûts et ici je te partage mes coups de cœur ainsi que les atouts et les inconvénients de chaque édition à mon sens.

Personnellement, je suis assez critique car j’écris des haiku, donc au-delà du plaisir de la lecture ce sont aussi des outils de travail. Dans la même idée, j’aime la langue japonaise (que je parle) donc pouvoir lire les haiku grâce à une transcription sans avoir besoin de chercher les kanji non simplifiés ou calligraphiés est un plus…

Bref, selon tes goûts et tes besoins, tu sauras trouver les ouvrages qui résonnent en toi… ou pas.

Si tu as déjà une bibliothèque personnelle full de livre sur le haiku, n’hésite pas à partager en commentaire ta liste de favoris. Et si tu est novice, vas te perdre dans les rayons de la bibliothèque côté littérature japonaise ou poésie ou encore dans ta librairie préférée et fais ta propre sélection!

J’ai hâte de découvrir tes goûts en matière d’édition poétique \\ (^ – ^) //

Bibliographie complète (par ordre d’apparition) :

  • CHENG Win fun & COLLET Hervé (trad. du japonais par), On se les gèle! haikus d’hiver, éditions Moundarren, 1990.
  • CHENG Win fun & COLLET Hervé (trad. du japonais par), Ah! le printemps, le printemps ah!, ah! le printemps, haikus de printemps, éditions Moundarren, 1991.
  • KERVERN Alain, Grand Almanach Poésie Japonais, éditions Folle Avoine, 1992. 5 volumes:
    • Livre I, Matin de neige, le Nouvel An
    • Livre II, Le réveil de la loutre, le printemps
    • Livre III, La tisserande et le bouvier, l’été
    • Livre IV, A l’ouest blanchit la lune, l’automne
    • Livre V, Le vent du nord, l’hiver
  • CHIPOT Dominique, KEMMOKU Makoto (trad. et prés. par), L’intégrale des haïkus: Bashô, seigneur ermite, éd. Points, 2014.
  • CHIPOT Dominique, KEMMOKU Makoto (trad. et prés. par), Anthologie, du rouge aux lèvres, Haijin japonaises, éd. La Table ronde, 2008.
  • MABESOONE Seegan (choisis, présentés et traduits par), IKEDA Mitsuru (haiga), Kobayashi Issa, Haïkus satiriques, éditions Pippa, 2015.
  • TREVISAN Elisabetta (sélection des textes et choix iconographique), Haiku: Les paysages de Hokusai, éditions du Seuil, 2017.
  • TREVISAN Elisabetta (sélection des textes et choix iconographique), Haiku: Pensées de femmes, éditions du Seuil, 2018.

Si tu aimes les haiku et que tu veux apprendre à en écrire, inscris-toi à ma newsletter bimensuelle dédiée au haiku et à la littérature japonaise.

Le Livre du mois – novembre 2022

Interminablement la pluie

KAFU Nagai

Lors, plus que le vent et plus que la lune, et plus que le chant des insectes, il n’est sans doute pour celui qui vit seul rien d’aussi douloureux que la pluie. […]

“Ainsi, quand la pluie frappe les fenêtres. coule le long de l’auvent, dégoutte sur les arbres et lave les bambous, son écho l’emporte, pour émouvoir le cœur des hommes, sur le vent qui crie dans les arbres et sur l’onde qui suffoque dans les précipices. La voix du vent est voix de courroux, la voix de l’onde est de sanglots. Mais la voix de la pluie ne se courrouce ni se lamente; simplement elle se raconte et elle se confie. Depuis mille générations, le cœur humain reste le même, et qui donc, par une nuit solitaire, en écoutant de son oreiller le son de cette voix, ne se sentirait envahir par la mélancolie? […]” *

Un des premiers auteurs japonais que j’ai lu et qui a radicalement influencé mon amour pour le Japon. Un retour sur ce Japon d’Edo à travers le regard d’un passant nostalgique qui peine à accepter le nouvel air de la Restauration de Meiji et qui préfère discuter poésie et solitude.

Viens flâner dans les ruelles avec Kafû et respirer l’air d’un temps révolu, qui n’existe plus que dans les livres…

Au plaisir de lire tes commentaires!

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* KAFÛ Nagai, “Interminablement la pluie,”, éd. Picquier, Paris, 1994, p.52-53.

Le livre du mois – octobre 2022

Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quitter

SEKIGUCHI Ryoko

“Dans nagori, attachement, nostalgie et temporalités se mêlent.

Nagori évoque à la fois une nostalgie de notre part, pour une chose qui nous quitte ou que nous quittons, et la notion de quelque chose qui décale légèrement la saison, comme si cette chose même (par exemple des fleurs, la neige) ne quittait qu’à regret ce monde, et la saison qui est la sienne. C’est à la fois la chose et la personne qui la contemple qui sont dans le regret du départ.

L’étymologie du mot se rapporte à nami-nokori, “reste des vagues”, qui désigne l’empreinte laissée par les vagues après qu’elles se sont retirées de la plage. Cela comprend à la fois la trace des vagues, ces sillons immatériels dessinés par les vagues sur le sable, et les algues, coquillages, morceaux de bois et galets abandonnés sur leur passage. Il n’y a ni raison ni logique à cette accumulation en dépôt, mais une fois qu’elle est là, elle s’y établit pour un temps, éphémère.” *

….

Ce livre est court et efficace, à la japonaise!

L’auteure aborde des thèmes variés comme les 72 saisons, le haiku, la cuisine japonaise ou encore les marchés en Occident pour nous faire réfléchir à notre propre ressenti face aux passages des saisons. Et en japonais tu as un mot dédié pour décrire le “reste des vagues” et ça c’est juste poétiquement génial !

Qu’est-ce que tu en dit?

Est-ce qu’il y a aussi un mot en français mais que je ne connais pas? parce qu’en Suisse on a beau chercher, mais la mer, y a pas… du coup j’ai peut-être simplement pas le bon vocabulaire.

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Au plaisir de lire tes commentaires!

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* SEKIGUCHI Ryoko, Nagori, la nostalgie de la saison qui vient de nous quit, P.O.L éditeur, 2018, p.31-32.

Petit point sur… Le Kukai !

Le Kukai de mai 2022 vient de se terminer et j’avais envie de te partager plus en détails ce qu’est un Kukai pour, peut-être, te donner envie de participer au prochain!

句会 ou くかい

Littéralement : ku de haiku et kai la réunion, soit une réunion où on écrit des haiku!

  • En temps normal, les poètes se retrouvent dans un lieu calme et propice à la création, choisissent un thème en lien avec la saison du moment et écrivent des haiku.
  • En fin de rencontre, les haiku sont anonymisés, lus à voix haute à tour de rôle (chaque auteur ne lisant pas ses propres poèmes) et enfin soumis à un vote.
  • Chaque auteur a trois points qu’il peut donner à son gré.
  • Une fois les points attribués et le décompte fait, les noms des auteurs sont révélés et on choisit de créer ou non une anthologie / publication.

Lors de ces réunions poétiques, l’accent est mis sur l’échange et l’oralité du haiku, qui n’est plus simple fait de plume, mais prend à travers la voix qui le porte une aura profonde, pleine d’émotions et parfois surprenante aux oreilles de son auteur.

C’est cette expérience que je souhaite te transmettre à travers mes Kukai virtuel en ligne (gratuit). Malgré le fait que nous soyons éloigné géographiquement, le force poétique du haiku réside dans la nature qui nous entoure et ainsi un thème peut résonner de mille façons.

Pour savoir si un Kukai est en cours ou va bientôt commencer, rendez-vous sur campsite.bio/lejaponavecandrea et cherche “Inscription Kukai”.

Au plaisir de te lire et de partager la passion des mots avec toi !

Un livre… Une œuvre… #21

Contre la pluie, nous vous proposons un voyage en Orient en compagnie de Jean-Auguste-Dominique Ingres et de ses belles odalisques subtilement raconté par Adrien Goetz. Entre sensualité, rêve et mystère, vous découvrirez l’histoire derrière le tableau, la femme derrière l’odalisque… Bonne lecture!

Fichier à lire ou à télécharge ICI

Cette publication “Un livre / Une œuvre”a été réalisée en collaboration avec Cyclolittérature.

www.desexposenfolie.ch

www.baladesavelo.ch

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Image : Jeau-Auguste-Dominique Ingres, Odalisque dormant, huile sur toile, 1820, Victoria & Albert Museum, Londres.