Une question d’honneur, le Chūshingura ou la légende des 47 rônins (4/5) : un thème incontournable de l’estampe ukiyoe.

Les légendes et faits historiques: une sources d’inspiration pour les artistes

Maintenant que nous sommes familiers avec le récit palpitant des 47 rônin (où la loyauté, la vengeance, et l’honneur s’entremêlent dans une saga digne d’un blockbuster samouraï) j’ai envie que l’on se penche un peu sur la manière dont les artistes s’en sont emparé. Ressentir l’énergie de cette époque et de ces histoires épiques à travers les yeux des artistes ukiyoe (litt. image du monde flottant) est un voyage qui vaut le détour !

Depuis l’époque Edo et le développement de l’impression d’estampe à grande échelle, la demande d’images est constante. Les artistes se tournent vers les thèmes populaires: récits de champs de batailles des ères précédentes comme le “Dit de Hôgen”, les textes de cour comme le “Dit du Genji” et autres histoires qui, encore récemment, n’étaient partagées que de manière orale par les moines errants. Avec le développement des techniques d’impression, la normalisation de l’éducation et une soif grandissante d’aventures, les genres littéraire explosent et la part belle revient aux yomihon, ces “livres à lire” où le texte prime sur les images. Très vite, le talent d’artistes comme Hokusai, associé à la force des scènes épiques, va venir donner des frissons aux lecteurs les plus téméraires.

La nouveauté avec le Chûshingura? Les faits historiques ne sont pas si lointains.

Les événements relatés ont eut lieu en 1702 seulement ! La réalité des faits, les thèmes abordés sont donc très vifs dans l’esprit du public. Loin des récits de batailles datant du 12e ou du 13e siècle, ici il s’agit d’un thème moderne, remettant au goût du jour les valeurs du bushidô de manière concrète, palpable voire palpitante!

Le détails des scènes et les descriptions de chaque rônin permettent également aux artistes de déployer leur talent et leur style dans des compositions originales.

Les 47 rônin ne sont pas seulement des personnages historiques, ils sont des êtres vivants, animés de passion et de force. Chaque rônin est représenté avec une personnalité distincte, souvent munis de leurs attributs respectifs. Les visages gravés sur le papier semblent refléter les joies et les peines, les triomphes et les défis de leur quête de justice.

Les artistes ukiyoe ne se contentaient pas de capturer les actions des rônin, mais ils ont également figé les émotions qui animaient leurs âmes. Les nuances subtiles dans les expressions, les regards déterminés, les postures majestueuses – chaque détail contribue à créer une connexion émotionnelle tangible entre le spectateur et ces guerriers légendaires.

Prépare-toi à ressentir le souffle du vent dans les feuilles de pin de Sengaku-ji et à entendre les échos des katanas clairsemant l’air dans cette aventure visuelle unique offerte par l’ukiyoe. Bienvenue dans le monde flottant des 47 rônin !

Entre choix esthétiques et iconographiques

Le Chûshingura a été illustré par de nombreux artistes ukiyo-e, mais ici j’ai choisi de me focaliser sur les œuvres de Ando Hiroshige (1797-1858), Utagawa Kuniyoshi (1797-1861), et Ogata Gekko (1859-1920).

Les scènes de bataille sont impressionnantes et l’occasion pour nous de creuser le thème de la représentation des éléments dans l’espace.

Si chez Hiroshige par exemple, les katanas, brillant à la lueur des lanternes, dépeignent l’intensité des combats nocturnes menés par les 47 rônin. Kuniyoshi utilise quant à lui des contrastes plus audacieux entre l’obscurité des ruelles d’Edo et la lumière des lames pour souligner l’héroïsme de ces guerriers déterminés.

L’estampe n’est pas simplement une image figée, mais une séquence narrative. On peut presque sentir le vent sifflant à travers les pinèdes du Sengaku-ji, le lieu de repos final des 47 rônin. L’ukiyoe transmet l’histoire de manière vivante, un véritable kaléidoscope d’émotions et de moments figés dans le temps.

Ce qui est caractéristique, c’est que chaque artiste a su apporter son style unique et sa vision à cette saga légendaire. Chaque série est pensée et exécutée dans le but assumé de surprendre le spectateur et d’aller toujours plus loin dans le représentation des émotions.

  • Un début d’architecture à l’occidentale

Les scène d’invasion de palais était l’occasion rêvée de se frotter à la perspective occidentale. Au Japon, avant l’arrivée des œuvres occidentales la perspective dite “au point de fuite” n’existait pas. Les artistes utilisaient une perspective intuitive et des codes de représentation iconographique pour représenter les distances et autres éléments dans l’espace.

Pour exemple, une estampe de Hiroshige comparée à une de Kuniyoshi représentant l’attaque du palais de Kira (les deux images sont contemporaines l’une de l’autre).

Ando Hiroshige, Chûshingura, Acte XI, L’attaque de nuit, Partie 2 (夜討二 乱入), 1835-1839.
Utagawa Kuniyoshi, Chûshingura, Acte XI, L’attaque de nuit, estampe, vers 1835.

Si d’un côté Hiroshige garde une approche plus traditionnelle quant à la représentation de l’espace et de l’architecture, Kuniyoshi a choisi une approche plus audacieuse en intégrant des éléments de perspective occidentale dans sa composition. Il s’est également essayé à la représentation “nocturne” en jouant sur une palette variée de gris.

On identifie parfaitement les rônins grâce à leur habit spécifique en dents de scie. Le noir et le blanc se fondent parfaitement dans le paysage de neige tout en ajoutant un effet visuel très fort.

  • Hiroshige, gardien des traditions

Ando Hiroshige était réputé pour sa capacité à capturer l’atmosphère et l’humeur d’une scène. Dans cette estampe illustrant l’attaque nocturne des 47 rônin, Hiroshige a pris le parti de mettre en valeur la beauté tragique de l’événement. On sent l’effervescence de l’attaque, la violence et la détermination des rônins jusque dans leurs gestes, leurs postures ou encore dans l’expression de leurs visages. Contrairement à l’œuvre de Kuniyoshi où les figures humaines sont disposées de manière presque chirurgicale, chez Hiroshige la masse presque indiscernable de ces guerriers aux habits si caractéristiques vient renforcer cette impression de violence et de résolution. On assiste bien au dénouement de l’histoire.

Ainsi, bien que Hiroshige ne soit pas aussi connu pour expérimenter avec les perspectives occidentales que Kuniyoshi, son génie artistique réside dans sa capacité à créer une composition évocatrice, suscitant une profonde réflexion sur les aspects émotionnels des protagonistes.

  • Le point de vue de Kuniyoshi

Utagawa Kuniyoshi, connu pour son style ukiyoe tranché, a également été intrigué par les innovations artistiques occidentales, en particulier les techniques liées à la représentation de la perspective. Dans son acte XI de la série “Chûshingura”, dépeignant l’attaque de nuit des 47 rônin, Kuniyoshi fusionne plus ou moins habilement les éléments traditionnels de l’ukiyoe avec des perspectives occidentales plus modernes.

Dans cette œuvre, la profondeur est capturée de manière saisissante bien que la perspective soit peu naturelle. Si les règles de construction de la perspective à l’occidentale sont respectées à la lettre, on sent encore une certaine maladresse dans la gestion des proportions entre bâtiment, personnages et paysage en fond.

Ce qu’il faut retenir, c’est que cette utilisation de la perspective occidentale ici ajoute une dimension nouvelle à l’histoire des 47 rônin. Elle donne vie à la scène d’une manière qui transcende les conventions artistiques de l’époque, témoignant de la capacité de Kuniyoshi à embrasser et à expérimenter avec différentes influences pour raconter une histoire vieille de siècles d’une manière nouvelle et captivante. C’est ainsi que l’ukiyoe, tout en préservant sa tradition, a su absorber et réinterpréter des éléments artistiques du monde occidental, contribuant à la richesse et à la diversité de cet art visuel japonais emblématique.

Ogata Gekko, Chûshingura : Muramatsu Kihei Hidenao, estampe, entre 1895 et 1903
  • Ogata Gekko, vers la modernité

Explorons plus en détail l’approche artistique d’Ogata Gekko à travers cette œuvre spécifique “Chûshingura : Muramatsu Kihei Hidenao” (image ci-dessus).

Cette estampe, réalisée entre 1895 et 1903, témoigne du talent de Gekko à fusionner la tradition de l’art ukiyoe avec des éléments modernes, tout en capturant l’essence dramatique de la légende des 47 rônin.

A une époque où le Japon traverse une période de modernisation extrême, Gekko a su rester fidèle au genre ukiyoe tout en profitant des nouvelles influences et des innovations occidentales. On le voit très bien ici dans le traitement de la couleurs mais aussi du dessin au trait fin et précis.

La composition de cette estampe est dynamique, mettant en avant Muramatsu Kihei Hidenao de manière imposante au centre de l’image. Les détails minutieux dans son visage expriment la détermination du guerrier, tandis que la position stratégique de son sabre suggère son rôle central dans la scène représentée. Gekko utilise des couleurs subtiles et des contrastes marqués pour attirer l’attention du spectateur et créer une atmosphère intense, tout en préservant cette impression feutrée de scène nocturne.

Ici on remarquera encore la parfaite maîtrise de la perspective et des proportions entre les différents éléments qui composent l’image. Les détails minutieux de l’architecture traditionnelle comme saupoudrée de neige et ceux du pin au premier plan qui vient équilibrer la composition prouvent que Gekko a su marier avec brio l’art ukiyoe et les influences occidentales.

En conclusion

Les œuvres de Ando Hiroshige, Utagawa Kuniyoshi, et Ogata Gekko, chacun maître dans son propre style d’ukiyoe, offrent des perspectives uniques sur la légende emblématique des 47 rônin.

Hiroshige a interprété l’attaque de nuit avec élégance et détermination, privilégiant une représentation emplie de violence, capturant l’atmosphère définitive du dénouement final.

Kuniyoshi, en revanche, a joué sur des contrastes acides conférant à ses scènes nocturnes leur énergie dramatique. Ses perspectives audacieuses et son expressivité marquée a su faire justice aux rônin et à leur quête de vengeance.

Quant à Gekko, il a su fusionner la tradition avec des éléments modernes, adoptant des techniques novatrices pour créer une estampe qui, tout en célébrant l’héritage de l’ukiyoe, témoigne également de la période de transition du Japon vers la modernité.

Ainsi, à travers ces trois maîtres, nous découvrons une diversité remarquable dans la manière dont l’ukiyoe peut interpréter et transmettre une histoire commune. Le style atmosphérique de Hiroshige, l’intensité dramatique de Kuniyoshi et l’innovation de Gekko illustrent la richesse de l’art ukiyoe et sa capacité à évoluer tout en préservant l’essence de la culture japonaise. Chacun de ces artistes a laissé une empreinte distinctive dans l’histoire visuelle des 47 rônin, offrant aux spectateurs une variété d’expériences artistiques à travers leurs chefs-d’œuvre intemporels.

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Dans le prochain et dernier articles consacré au Chûshigura, je te propose l’analyse de deux œuvres afin de clore en force ce voyage au cœur de la légende la plus populaire du Japon.

(c) Le Japon avec Andrea

JAPONAIS quiz : compréhension orale (1)

C’est le moment d’aiguiser tes oreilles…

1) Ecoute le texte une fois et essaye de comprendre l’essentiel.

2) Ecoute une seconde fois pour vérifier si tu as bien compris ou revenir sur les points que tu n’as pas encore compris.

3) Lis les questions et essaye d’y répondre de tête.

4) Ecoute une troisième fois l’audio pour répondre à toutes questions.

[optionnel] Utilise cet audio comme une dictée pour entrainer ton écriture aussi.

Questions

  1. マテオくんは友達(ともだち)と話(はな)しますか。
  2. あかちゃんの名前(なまえ)は何(なん)ですか。
  3. エヴァちゃんは何歳(なんさい)ですか。
  4. マテオくんはお父(とう)さんの家(うち)に住(す)んでいますか。

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Tu trouveras le PDF avec la transcription du texte et les réponses aux questions juste ici.

Si tu as besoin de la traduction du texte en français et de la liste de vocabulaire, c’est ici.

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Alors, comment c’était ?

(c) Le Japon avec Andrea

Une question d’honneur, le Chūshingura ou la légende des 47 rônins (3/5) : le Sengakuji, témoin et garant de mémoire.

Toyokuni Utagawa III, Chōjūrō Sawamura V dans le rôle de Ōboshi Yuranosuke, tiré de Kanadehon Chūshingura (仮名手本忠臣蔵) “Le Trésor des vassaux fidèles” (pièce de théâtre de marionnettes), 1849.

Le temple Sengakuji est situé à Tokyo, près de la gare de Shinagawa, où Asano Naganori est enterré aux côtés de ses fidèles serviteurs qui sont morts en accomplissant leur mission de vengeance. Ce lieu attire de nombreux visiteurs qui viennent lui rendre hommage ou simplement en apprendre plus sur cette partie fascinante de l’histoire japonaise.

Aujourd’hui, il y a encore des gens qui font des reconstitutions de ce célèbre événement au temple Sengakuji chaque année le 14 décembre – l’anniversaire de la mort d’Asano Naganori – pour garder vivante la mémoire de ces braves guerriers samouraïs qui ont tant sacrifié pour la loyauté, l’honneur et la vengeance.

Cet événement attirant un public nombreux, il faut essayer de venir tôt pour honorer les stèles en allumant humblement des bâtons d’encens et en envoyant des prières pour le repos de ces âmes guerrières.

Si tu veux aller visiter le Sengakuji

Ce que tu vas y trouver

En visitant ce temple, tu découvriras des stèles commémoratives dédiées aux 47 loyaux sujets ainsi qu’un petit musée regroupant différents artéfacts liés à leur histoire.

L’adresse

〒108-0074 2-11-1 Takanawa, Minato-ku, Tokyo

Les horaires

Ouvert de 7h-18h de mars-septembre et jusqu’à 17h d’octobre à février.

Le musée de 9h-16h30 de mars-septembre et jusqu’à 16h d’octobre à février.

Les tarifs

La visite du temple est gratuite, mais l’entrée du musée est de 500 yen.

Pour plus de détail

Le site internet du Sengakuji (japonais et anglais) : http://www.sengakuji.or.jp/

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Dans le prochain article (publié le 18 décembre), tu découvrira la riche postérité de la légende des 47 rônins dans l’art ukiyo-e.

(c) Le Japon avec Andrea

Une question d’honneur, le Chūshingura ou la légende des 47 rônins (2/5): intrigue et faits historiques.

Des faits historiques à la légende

Avant de résumer l’intrigue, si tu souhaites lire les aventures des 47 rônins dans leur intégralité je te conseille le livre “Les 47 rônins, le trésor des loyaux samouraïs” de George Soulié de Morant chez Budô Editions (2006).

Tout commence lors d’un incident pendant les préparatifs en vue d’une cérémonie pour un envoyé impérial. A cette occasion, le chef des rites Kira Kôsuke no Suke, un lâche arrivé à son statut grâce à l’argent et non pour ses qualités, insulte le jeune daimyô (seigneur guerrier) Asano Takumi no Kami en insinuant qu’il est incapable d’effectuer les rites nécessaires (alors que c’est faux).

Asano provoque donc Kira en duel et dégaine son sabre.

Kira s’enfuit, tel le lâche qu’il est, et Asano qui le poursuit le blesse.

Sous le régime des Tokugawa, les shogun en place à l’époque Edo, il est formellement interdit de dégainer son sabre dans le palais. La punition infligée aux contrevenants est la mise à mort par éventrement traditionnel, le seppuku.

Asano, bien que jeune et intrépide, se soumet à l’ordre. A sa mort, ses fidèles samouraïs se retrouvent sans maître : ils deviennent des rônin (浪人) ou “homme sur les vagues”.1

浪 ろう (rou) = la vague

人 にん (nin) = la personne

Les rônins sont donc des samouraïs sans attache, dérivant sans but, des vagabonds, l’ombre d’un samouraï. N’ayant ainsi plus rien à perdre, ces 47 rônins sans raison d’être (protéger leur seigneur) n’ont plus qu’une obsession : venger la mort injuste de leur maître.

C’est une expédition difficile. Ça va leur prendre une année entière car ils doivent d’abord simuler l’indifférence face à la mort de leur chef, trouver un plan, mettre toutes les chances de leur côté, tout en endurant les moqueries de tous.

C’est surtout l’occasion de présenter et de venter les prouesses de chacun de ces guerriers aux talents spécifiques grâce à une succession d’épisodes plus ou moins rocambolesques. Nous y reviendrons dans l’article consacré à la représentation de ces rônins.

Ogata Gekko, Chûshingura : Muramatsu Kihei Hidenao, estampe, entre 1895 et 1903

Ils finiront donc par prendre d’assaut le pavillon de Kira par une froide nuit de décembre. Par souci de justice, les rônins offrent à Kira la possibilité de s’éventrer comme un brave, mais celui-ci est lâche jusqu’au bout et se dérobe, forçant les rônins à l’exécuter.

Le shogun n’intervient pas directement, car d’autres daimyô interviennent en leur faveur : ils ont réparé une injustice et ont même laissé à Kira une porte de sortie honorable qu’il a été incapable de saisir.

Les rônins seront tout de même condamnés au seppuku pour avoir porté la main sur un représentant du pouvoir (l’avoir tué et avoir incendié son palais).

Le seppuku est une mort honorable pour un samouraïs. La mort la plus honorable bien sur est celle rencontrée sur le champ de bataille, protégeant son clan et son seigneur, mais à défaut, la mort par rituel seppuku reste un privilège.

Les 47 rônins se rendent donc au temple Sengakuji2, là où repose leur maître. Il lui présente la tête de l’ennemi vaincu puis, après avoir reçu l’ordre de condamnation officielle, s’éventrent.

46 seulement s’éventre, car un des rônins a été désigné pour leur survivre et effectuer les rites funéraires appropriés et raconter leur histoire.

“Ils sont morts, mais leur mémoire ne périra jamais, car tous les cœurs, même les plus vils, ont admiration et respect pour les nobles sentiments qui, seuls, élèvent l’homme au-dessus de la bête.”3

Dans le prochain article, tu découvrira comment cette légende reste vivace et honorée notamment via le temple Sengakuji.

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Notes

  1. SOULIE DE MORANT George, Les 47 rônins, le trésor des loyaux samouraïs, Budo éditions, 2006, p. 26.
  2. Le Sengaku-ji se trouve à Tokyo : 〒108-0074 2-11-1 Takanawa, Minato-ku, Tokyo. Site web officiel (en).
  3. SOULIE DE MORANT George, Les 47 rônins, le trésor des loyaux samouraïs, Budo éditions, 2006, p. 171.

Couverture: Utagawa Hiroshige, Chūshingura (忠臣蔵), Acte XI , épisode 5, Le repli sur le pont Ryōgoku, (Youchi yon, Ryōgoku hikitori), estampe ukiyoe, 1836.

Une question d’honneur, le Chūshingura ou la légende des 47 rônins (1/5): un idéal guerrier.

Est-ce que tu as une âme guerrière ?

Si à Genève on fête l’Escalade1 le 12 décembre, les Tokyoïtes, eux, célèbrent la loyauté de ses fameux 47 rônins le 14 décembre.2

Le Chūshingura (忠臣蔵) ou la légende des 47 rônins est l’un des épisodes historiques favoris des Japonais. Elle a été reprise et adaptée d’innombrables fois au fil des ans, des pièces traditionnelles japonaises de kabuki aux films hollywoodiens, car même en Occident, cette légende est célèbre.

Aux sources de la légende: le bushidô

Pourquoi est-ce que cette histoire de guerriers déchus marque autant les esprits?

Tout simplement parce que cette histoire, devenue légende, met en avant les valeurs guerrières japonaises dans leur absolue essence et ainsi fait écho à un certain idéal martial.

Le bushidô (武士道, litt. “la voie des guerriers”) est un ensemble de codes de conduite, de principes moraux et de valeurs transmis de génération en génération de manière orale.3 Les principes du bushidô trouvent leurs racines dans les différents courants de pensée qui ont marqué le Japon au fil des siècles: bouddhisme, shintoïsme et confucianisme.

Si le premier enseigne “la soumission tranquille à l’inévitable”, une attitude stoïque face au danger et un certain dédain de la vie4 , le second prône la loyauté envers le souverain, la piété filiale et un certain patriotisme créant ce lien inébranlable entre la nation, les ancêtres et l’empereur5, unifiant tous les hommes à un même idéal. Le confucianisme quant à lui fournit au bushidô ses principes éthiques régissant les rapports entre les guerriers et le reste du monde.6

Si le caractère rude du guerrier et l’importance associée à son rang et son honneur pourraient le rendre susceptible et arrogant, les concepts puisés dans les différents courants de pensée évoqués plus haut permettent de pondérer le caractère du guerrier qui cherchera toujours l’harmonie dans ses actions et dans ses attitudes.7

Les principales qualités recherchées chez un guerrier sont :

  • la justice
  • la loyauté
  • le courage
  • la maîtrise de soi
  • la compassion
  • la piété filiale
  • la politesse
  • la sincérité
  • l’honneur

Plus concrètement, la classe sociale des bushi (武士) s’est définie en fonction du contexte historico social du 12e siècle jusqu’à 1603, début de l’ère Edo, période durant laquelle le pays est déchiré par des guerres civiles successives.

La guerre est le processus naturel de sélection chez les guerriers: les plus forts, les plus valeurs, les plus combattants vivent et ainsi deviennent dignes des honneurs, des privilèges et des hautes responsabilités. A noter que jusqu’au 12e siècle ces privilèges et hautes responsabilités étaient réservés aux hommes de cour. En effet, la première institution féodale est créée au 12e siècle avec l’instauration du premier shogun, Minamoto no Yoritomo. Le shogun est le général détenteur du pouvoir effectif (militaire) par opposition à l’empereur qui conserve le pouvoir religieux.

C’est dans ce contexte que le bushidô comme énonciation des règles de conduite et d’un code moral commun a joué un rôle fondamental.

Il est peut-être intéressant de rappeler que l’idéal absolu du bushi est la paix. Il ne dégainera son sabre qu’en dernier recours, que s’il a épuisé toutes ses ressources de diplomatie, de courtoisie et de bienséance.8

Revenons à nos rônins

Dans le cas du Chûshingura, même s’il s’agit au départ de faits historiques avérés, la légende à très tôt pris le dessus en personnifiant ces valeurs, celles du bushidô, à travers chaque personnage. Idéalisés ou caricaturés, les protagonistes donnent à vivre un idéal guerrier qui résonne dans le cœur des Japonais (et des amoureux du Japon).

Dans cette série d’articles consacrés au Chûshingura, je t’invite à découvrir avec moi les trames de cet événement tragique, mais aussi la richesse iconographique liée à la légende des 47 rônins et ce qu’il reste aujourd’hui, notamment grâce au temple Sengakuji (泉岳寺) à Tokyo. C’est parti!

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Notes

  1. L’Escalade fait référence à l’assaut infructueux du Duc de Savoie Charles-Emanuel 1er (catholique) contre la république protestante de Genève la nuit du 11 au 12 décembre 1602.
  2. Si la date retenue officiellement pour les célébrations est celle du 14e jour du 12e mois de l’an 15 de Gennroku (14 décembre 1702), à l’origine, selon le calendrier lunaire, le dénouement final a eu lieu le 30 janvier 1703. (SOULIE DE MORANT George, Les 47 rônins, le trésor des loyaux samouraïs, Budo éditions, 2006, avis au lecteur.)
  3. NITOBE Inazô, Le bushidô, L’âme du Japon, Budo éditions, p.18.
  4. Ibid, p.23.
  5. Ibid, p.24-25.
  6. Ibid, p.26.
  7. Ibid, p.24.
  8. YAMAMOTO Tsunetomo, Hagakure, Ecrits sur la Voie du samouraï, traduit par NICKELS-GROLIER Josette, Budo éditions, 2005, p.116.

Couverture: Utagawa Hiroshige, Chūshingura (忠臣蔵), Acte XI , épisode 2, Entrée par effraction dans le palais de Kira (Youchi ni, rannyū), estampe ukiyoe, 1836.

Le Livre de Mois – Novembre 2023

La mort, l’amour et les vagues

Yasushi Inoue

“Ah, ce coin a l’air parfait!” pensa Sugi en arrêtant son regard sur un endroit, tout à fait à gauche de la grande falaise. Il y avait là des pins au-dessus desquels voletaient quatre ou cinq petits oiseaux de mer dont il ne connaissait pas le nom. Brusquement, ils repliaient leurs ailes et le laissaient tomber en ligne droite une dizaine de fois. Comme ils piquaient en plein sur les rochers, on pouvait croire qu’ils allaient s’y fracasser, mais ils faisaient volte-face, remontaient en décrivant un arc de cercle, puis plongeaient en vrille un peu au large de la bande d’écume.

“Vraiment idéal!” pensa Sugi. C’était la première fois qu’il se réjouissait d’avoir trouvé un endroit convenable pour se donner la mort; soulagé, il se mit à fumer.

Juste incroyable! Tout l’art de Yasushi INOUE dans ces trois nouvelles toutes aussi surprenantes les unes que les autres. Trois histoires d’amour un peu étranges, un peu à côté, un peu pas comme on les imagine dans les romans… Tu seras à la fois charmé.e, intrigué.e, et bien sûr surpris.e par la chute de chacune de ces histoires où la vie aura finalement toujours le dernier mot.

Au plaisir de lire tes commentaires!

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INOUE Yasushi, La mort, l’amour et les vagues, éd. Philippe Picquier, p. 11.

Haiku décortiqué #4 : Santôka

Pour ce nouvel “haiku décortiqué”, je t’invite à découvrir un haiku d’automne de Santôka Tenada (1882-1940), moine zen, vagabond et poète.

Petite récapitulation de ce qu’on attend d’un haiku classique:

  • la métrique 5-7-5, qui donne au haiku classique tout son sens et rend le poème réutilisable dans différentes situations (renga).
  • 1 kigo ou mot de saison qui pose un décor, provoque des images et des sensations dans l’imaginaire du lecteur
  • 1 mot de césure qui viendra donner de la profondeur au poème en suggérant une émotion plus ou moins intense.

L’analyse en image :

*haijin = poète haiku

La métrique 5-7-5

Ici la métrique 5-7-5 n’est pas respectée, mais c’est un choix délibéré et même revendiqué par l’auteur.

En effet, Santôka fait partie de cette nouvelle vague de haijin du début du 20e siècle qui voyaient la forme classique du haiku comme obsolète et figée dans un carcan de règles et d’images ayant perdu leur sens. Il prônait donc l’abandon de la métrique ainsi que l’utilisation du kigo (mot de saison) au profit d’une forme poétique complétement libre. Pour lui la poésie repose sur la “pure expérience” du poète et de sa manière unique de la retranscrire et de la partager au monde.1

Avec ce poème, j’ai envie de t’inviter à la réflexion.

Si les poètes du début du 20e siècle se sont rebellés contre les règles du haiku classique (haikai de Bashô et haiku de Shiki), comment aujourd’hui, peut-on différencier un haiku de forme libre (sans règles) d’un poème court ? En d’autres termes, est-ce qu’un poème libre reste un haiku ?

Donne-moi ton avis en commentaire ou par retour de mail.

1.COLLET Hervé, CHENG Wing fun, A la recherche de l’instant perdu, anthologie du haiku, éd. Moundarren, 1991, p.7-8.

Un kigo

Ici, même si pour Santôka le kigo n’est pas obligatoire, on trouve le kigo shigure ou “averse d’automne”. Ce terme ajoute une dimension de solitude liée à cette saison. Ce seul mot donne tout son sens à ce poème si court. On comprends ainsi l’importance du kigo qui permet de faire résonner scène et expérience dans le corps et le cœur du lecteur. Sans le lecteur, ce poème serait un peu nu.

Un mot de césure

Le mot de césure dans ce poème est ka, soit la question. Le poète (et le lecteur) se trouve dans un moment d’incertitude ou l’appel aux souvenirs et à l’imaginaire est fortement sollicité. Ainsi face au doute évoquée par cette scène, chacun se remémore le bruit de la pluie d’automne, amortie par les feuilles mortes, forte de cette odeur terreuse, en comparaison à la tempête d’été si violente et le pluie de printemps si salutaire.

Pour toi, quelle bruit fait la pluie d’automne ?

Alors ?

Et toi, quelle est ton interprétation?

Est-ce que dans tes poèmes tu arrives à suggérer ce genre de scène on es-tu encore trop dans la description?

Pour aller plus loin…

Découvre les poèmes de Santôka avec ce recueil aux éditions Moundarren : Santôka, zen, saké et haïku, 2013.

Pour t’aider avec les kigo et les mots de césure, découvre mes leporello, des outils mini format idéal pour t’accompagner dans ton écriture.

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(C) Le Japon avec Andrea, 2023, tous droits réservés.

JAPONAIS quiz : particules (1)

C’est parti…

Exercices bonus

Traduis chaque phrase en français, puis réponds aux différentes questions selon tes goûts. N’hésite pas à me partager tes réponses par retour de mail !

Les réponses

1. は, の, の / 2. が / 3. は, の, は, の / 4. が / 5. が, が

Traduction

1. De quoi parle ce livre ? (Litt. Ça, c’est un livre de quoi ?)

— C’est un livre de japonais.

2. Est-ce que tu comprends le japonais ?

— Oui, un peu.

3. Ce CD, est-ce que c’est un CD de japonais ?

— Non, c’est un CD de musique.

4. Est-ce que tu aimes la musique ?

Oui, j’adore la musique.

5. Quel genre de musique aimes-tu ?

— J’aime la musique classique.

(C) Le Japon avec Andrea

Le iroha-uta, ou comment apprendre les hiragana avec style

En résumé, c’est l’équivalent poétique d’un abécédaire.

Littéralement, “i-ro-ha” sont les trois premiers signes du texte en question et 歌 (uta) qui signifie “chant, chanson, récitation, poème”.

Il s’agit d’une récitation (un peu à la manière d’un sûtra) qui utilise toutes les lettres du syllabaire hiragana* et qui a été utilisé pendant très longtemps comme base de l’apprentissage de la langue japonaise.

Inventé entre le Xe et le XIe siècle (le témoignage le plus ancien de ce poème date de 10791) et d’auteur inconnu, ce chant a profondément marqué l’enseignement du japonais et ce jusqu’à l’époque moderne. On retrouve cet arrangement de kana dans de nombreux dictionnaires et liste alphabétique de l’époque médiévale comme par exemple le 色葉字類抄 Iroha jiruishô (Recueil de mots classés selon l’ordre i-ro-ha) à la fin de l’époque Heian (794-1185).2

Maîtriser parfaitement ce chant était donc important pour les hommes de lettres du Japon ancien, tout comme il l’est aujourd’hui pour les chercheurs et spécialistes du Japon.

*On notera l’absence du “n” qui est apparu à l’époque Edo (1603-1868) et la présence du “wi” et du “we” aujourd’hui obsolètes.

  1. https://kotobank.jp/word/%E3%81%84%E3%82%8D%E3%81%AF%E6%AD%8C-32577#E4.B8.96.E7.95.8C.E5.A4.A7.E7.99.BE.E7.A7.91.E4.BA.8B.E5.85.B8.20.E7.AC.AC.EF.BC.92.E7.89.88 [consulté le 12.11.2023]
  2. Dictionnaire historique du Japon, livre 1, Maison franco-japonaise, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 2002, p.1194.

Illustration pour l’article Japon de l’encyclopédie Brockhaus et Efron, 1905.

On se rappelle que le japonais se lit de haut en bas et de droite à gauche.

Chant et traduction

Voici la transcription de ce poème :

いろはにほへと ちりぬるを

i ro ha ni ho he to chi ri nu ru wo


わかよたれそ つねならむ
wa ka yo ta re so tsu ne na ra mu

うゐのおくやま けふこえて

u wi no o ku ya ma ke fu ko e te


あさきゆめみし ゑひもせす

a sa ki yu me mi shi we hi mo se su

Et sa traduction :

La couleur maintenant éclatante, demain se fanera;

dans ce monde qu’y a-t-il de permanent?

Une fois passées les hautes montagnes de l’enchaînement des causes et des effets,

il n’y a plus ni illusions, ni jouissances.1

Si ça t’intéresse, voici le texte modernisé avec les kanji :

色は匂へど 散りぬるを
我が世誰ぞ 常ならむ
有為の奥山 今日越えて
浅き夢見じ 酔ひもせず

Basé sur une métrique 7-5, ce poème a la forme d’un 今様 (imayô), genre poétique pratiqué dès le milieu de l’époque Heian (794-1185). Il s’agit d’une succession de quatre séquences de deux vers de 7 et 5 syllabes.2

Le sens de ce poème quant à lui est à rapprocher du sûtra du Nirvana (Nehan-kyô), qui nous met en garde contre les illusions de l’impermanence de toutes choses.

  1. Dictionnaire historique du Japon, livre 1, Maison franco-japonaise, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 2002, p.1193.
  2. Dictionnaire historique du Japon, livre 1, Maison franco-japonaise, éditions Maisonneuve et Larose, Paris, 2002, p.1194.

Pourquoi apprendre le iroha aujourd’hui ?

Parce qu’il est encore utilisé dans certains dictionnaires ou dans l’apprentissage de certaines disciplines traditionnelles comme la calligraphie. Mais aussi parce que cette chanson fait partie intégrante de la culture et de la langue japonaise.

C’est comme si un Japonais venait vers toi et récitait “Le corbeau et le renard” sans sourciller. C’est pas vital mais ça montre une certaine connaissance et surtout un intérêt profond pour la langue et la culture française.

Le iroha, c’est un peu pareil.

Tu n’es pas obligé de l’apprendre par cœur (même si ça en jette un peu quand même…), mais tu peux l’utiliser pour réviser tes hiragana ou t’aider à les apprendre autrement.

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Si toi aussi tu veux apprendre les kana de façon ludique, découvre mes cartes KARUTA pour apprendre et révision tes hiragana et tes katakana.

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(C) Le Japon avec Andrea

HAIKU : matcha et rituel d’écriture

Dans cet article, j’avais envie de te partager mon petit moment d’écriture, particulièrement propice quand vient l’automne et ses premières vagues de froids.

En temps normal, j’aime aller me promener et me laisser inspirer par la nature. Exposer son corps aux éléments rends les kigo beaucoup plus concret et permet parfois de “débloquer” l’écriture.

Aujourd’hui je te partage un autre rituel d’écriture que j’aime bien, qui ne nécessite pas cette fois de chausser bottes et cache-nez.

Le rituel

  1. J’aime me fouetter un thé matcha (voir la recette ci-dessous), m’installer confortablement sous un plaid ou à la fenêtre près du radiateur et sortir mon cahier dédié au haiku.
  2. Je choisis un kigo qui me plaît, m’inspire, me questionne ou me semble propice à l’écriture à ce moment précis.
  3. Je fais une liste de mots et d’émotions que m’évoque ce kigo. J’essaye d’ouvrir mon champ lexical et de me laisser surprendre.
  4. Je laisse le ou les poèmes venir à moi, tranquillement, sans pression.
  5. Tout en finissant mon matcha, je prends le temps de me détacher du/des poèmes écrits. C’est peut-être l’occasion de lire un ou deux haiku de mon auteur préféré ou de regarder par la fenêtre les jeux colorés de l’automne.
  6. Je prends ensuite le temps de relire mon/mes haiku (ça peut être plusieurs jours plus tard, donnant lieu à un nouveau moment de thé).

Les points à vérifier:

  • la métrique 5-7-5
  • 1 seul kigo
  • 1 seule émotion
  • les répétitions (de sons, de sens,…)
  • les rimes
  • est-ce qu’il y a de la place pour ton lecteur ?

Si un ou des points ne sont pas respecter ou me posent problème, je retravaille le poème ou j’en écris un nouveau.

Ce travail d’écriture est vraiment important et me permet de mieux me connecter à ma sensibilité et aux vibrations de la saison en cours. Je me sens ancrée dans le moment présent et quand je reviens sur ces poèmes plus tard, ils me satisfont et je me sens validée dans mon écriture.

Si je ne fais pas ce travail, par la suite je suis souvent déçue par mes poèmes car je réalise après coup qu’ils sont vides de sens ou redondant et qu’ils ne transmettent pas l’émotion ou le “tableau” que j’avais envie de partager.

Tu veux un exemple ?

Premier jet

sourire fugace

les doigts du vent

à la surface de l’eau

-> pas de kigo, trop descriptif, pas d’émotion

Version après travail

sourire fugace

dansant au vent d’automne

nos ombres mêlées

-> plus d’espace et de zones d’interprétation pour le lecteur.

Si tu veux découvrir toutes les étapes de travail d’un poème à l’autre, rejoins “Haiku : la boîte à outils”. J’y ai posté une vidéo où je détaille tout le processus.

Est-ce que toi aussi tu retravailles tes haiku ou préfères-tu les laisser tels quels ? Est-ce que tu aimes relire tes anciens poèmes ? J’ai hâte de te lire.

Recette du matcha

Matériel nécessaire:

  • un bol chawan ou bol à thé. Peut être remplacé par un bol d’environ 15cm de diamètre à fond assez plat.
  • une cuillère chashaku, longue cuillère en bois qui sert à mesurer le matcha (peut être remplacé par une cuillère à café)
  • un fouet chasen, fouet en bambou spécifique à la préparation du thé matcha, ou un petit fouet de cuisine.

Ingrédients (pour un thé léger usucha)

  • 2 cuillères chashaku (env. 1 c.c) de poudre de thé matcha
  • 160 ml d’eau à 80 C°
  • un wagashi de saison (pâtisserie traditionnelle japonaise) ou un morceau de takuan (pâte de haricot rouge sucré en barre) facile à trouver dans les magasins d’alimentation japonaise. Peut être remplacé par une petite pâtisserie occidentale.

Préparation du thé

  1. Faire chauffer l’eau jusqu’à frémissement (ne pas faire bouillir l’eau).
  2. Verser 2 cuillères chashaku de poudre de thé dans le bol.
  3. Verser environ 160 ml d’eau frémissante sur le thé et fouetter délicatement avec le chasen (ou le fouet de cuisine).
  4. Manger la pâtisserie japonaise AVANT de boire le thé. La douceur du wagashi va contrebalancer l’amertume du matcha et sublimer ton expérience.

Enjoy!

(c) Le Japon avec Andrea, 2023.